22 janvier 2012

Mon histoire - Robin Imbeault

PhiGéo

MON HISTOIRE [1]
Robin Imbeault

Traduction, présentation et notes
par Claire-Marie Clozel
et Marc Imbeault.

Présentation 

L’autobiographie de Robin Imbeault relate quelques faits de la vie de notre frère et beau-frère. Ceux-ci peuvent paraître anodins, mais au-delà des faits, ce texte nous permet de partager ses sentiments et sa façon de voir le monde et de comprendre ce qu’il pensait de lui-même et des autres.

Le texte commence ainsi : « Je suis né le jour de Noël ». Et tout de suite après, Robin parle de la « petite cabane » qui se transforme progressivement en « vraie maison » grâce aux efforts de son père, auxquels il participe activement dès un très jeune âge. Robin a fait de cette maison un petit tableau dont nous avons inséré une photo.

Par la suite, des événements importants scandent la vie de Robin, à commencer par ses difficultés à s’intégrer dans la société valdorienne à l’adolescence, et son sentiment « d’avoir peu à offrir ». Robin a alors abandonné l’école et traversé une période particulièrement difficile, sur laquelle nous respecterons sa discrétion.

Cette période passée, toutefois, Robin relève la tête. Il rencontre Mary, qu’il épousera le 8 janvier 1966 (il avait donc 22 ans) et avec laquelle il aura deux enfants. Certes tout n’est pas facile. Ainsi, à une époque où plus personne ne conçoit que l’on puisse vivre sans salle-de-bains (du moins au Canada), on s’aperçoit que dans la jeunesse de Robin (années 50-60), beaucoup de maisons et d’appartements ne possèdent que des salles de bain rudimentaires, et que parfois les toilettes sont sur le palier! Et il n’était pas toujours facile de trouver du travail dans sa ville. Mais Robin « s’accroche », il étudie pour devenir arpenteur minier et n’hésite pas à quitter Val-d’Or puis le Québec pour trouver du travail.

Mary et lui quitteront ainsi Val-d’Or pour Saint-Jean-sur-Richelieu, le Québec pour la Saskatchewan − à Uranium City, où ils arrivent en plein hiver par une température de -58 degrés F (-50 degrés C)−, et la Saskatchewan pour les Territoires du Nord-Ouest − à Yellowknife−, puis pour Terre-Neuve, jusqu’à ce que Robin abandonne son travail à la mine et qu’ils s’installent un peu plus au « sud », à Edson, à quelque 200 km d’Edmonton, et finalement à Bentley – pour se rapprocher de leurs enfants, Sonya et Robby. Chemin faisant, Robin occupe des postes de plus en plus élevés avec de plus en plus de responsabilités. Mais sa carrière d'arpenteur connaît une fin hâtive après le rachat de la mine de Yellowknife par la Royal Oak sous la direction de « l’infâme » Peggy White et une grève extrêmement dure. Robin est alors muté à Terre-Neuve, mais au bout de quelques mois, Mary le convainc de retourner en Alberta pour se rapprocher de leurs enfants. Robin y travaillera jusqu'en 2010 pour une société spécialisée dans la distribution d'équipements pour l'industrie minière.

Mais même si le travail et la famille jouent un rôle essentiel dans cette histoire, il y a aussi de bons moments. Des voyages en famille, parfois passablement aventureux comme le premier voyage au Québec au cours duquel Robin doit acheter d’abord une « boîte » campeur, puis un nouveau camion, et parfois tragique, Mary étant victime de deux accidents assez graves. Et puis, il y a la moto qui leur permet, à lui et Mary, de faire de longues ballades dans la région et d’explorer la Colombie-Britannique avec son ami Peter et sa femme.


Robin est mort le 9 novembre 2011 à Lacombe en Alberta des suites d'un cancer de l'estomac.

Ciao Robin et merci!

N.B. Nous avons fait de notre mieux pour respecter le texte de Robin mais il peut arriver que nous nous soyons trompés ou que certains détails nous aient échappé. N’hésitez pas à nous le signaler. Le texte original anglais se trouve sur ce blogue http://phigeo.blogspot.com/2011/12/robin-imbeault-biography-my-story.html







* * *
     
Je suis né le jour de Noël, le 25 décembre 1943, à Val-d’Or (Québec), dans la maison de mes parents située sur la 16e rue, en face de l’hôtel Lefebvre. Je sais que quand j’avais à peu près deux ans, nous avons déménagé sur la 17e rue, dans une petite maison de deux chambres, que mon père a réparée en y ajoutant des pièces au fur et à mesure que la famille s’élargissait et qu’ils en avaient les moyens.

Première communion (1949)


Un de mes premiers souvenirs date de l’époque où mes parents ont décidé d’ajouter un sous-sol, une chambre à coucher et une salle de bains à la cuisine, à la salle de séjour et aux trois chambres à coucher que comprenait déjà la maison. Le premier étage était formé d’une salle de séjour à l’avant, d’une toute petite salle de bains (toilettes et lavabo) et de la cuisine, le second de deux petites chambres à l’avant et d’une chambre un peu plus grande à l’arrière, dans laquelle se trouvait la trappe qui donnait accès aux escaliers.

En 1955, nous avons coulé du ciment pour les quatre murs de ce qui allait devenir le sous-sol et la construction s’est poursuivie encore un bon bout de temps, jusqu’à ce que nous ayons ajouté une chambre à coucher et une petite pièce de rangement à l’étage supérieur, une belle salle de bains tout équipée au rez-de-chaussée, et une belle et grande entrée à l’arrière de la maison. La petite salle de bain devint l’accès au sous-sol. L’année suivante fut entièrement consacrée ou presque à creuser l’espace du sous-sol. Je me souviens que le sol était très dur et qu’il fallait l’attaquer au pic avant de le pelleter et de le sortir par les petites fenêtres percées dans le mur du sous-sol pour qu’on puisse le récupérer, le charger dans la remorque et aller le décharger dans le dépotoir situé à l’extrémité de la rue.

J’ai commencé ma scolarité à l’école Saint-Sauveur en 1949. J’ai dû redoubler la deuxième année parce que mes notes n’étaient pas assez bonnes. Puis, en 1953, ma sœur Réjeanne et moi avons été envoyés au pensionnat Notre-Dame-des-Anges, à quelques miles de Québec [2]. Ma conduite n’étant pas très bonne, les religieuses auraient préféré que je reste à la maison après les vacances de Noël. Elles avaient même envoyé une lettre à mes parents pour leur demander de m’envoyer dans une autre école pour le reste de l’année mais mes parents ont insisté pour que je finisse l’année car ils avaient déjà payé ma pension [3].

Maison de la 17e rue à Val d'Or

L’année suivante, ils m’ont envoyé dans un autre pensionnat, cette fois-ci à St-Hyacinthe, près de Montréal. J’y ai passé l’année, mais ensuite, je suis resté à la maison et j’ai fait mes sixième, septième et huitième années à l’école Mgr Desmarais. Au début de la neuvième année, j’ai décidé que je savais tout ce qu’il y avait à savoir et j’ai refusé de retourner à l’école. Je n’ai donc même pas fini ma neuvième année [4]. À partir de ce moment-là, j’ai continué à m’enfoncer jusqu’à ce que, au milieu de l’année 1961, j’aie de sérieuses démêlées avec la justice. Je ne rentrerai pas dans les détails mais les quatre années suivantes ont été plutôt difficiles pour moi et mes parents [5].

Si je retourne quelques années en arrière, avant l’adolescence, je n’avais pas une très haute opinion de moi-même. Je pensais que je ne pourrais jamais me faire d’amis parce que je n’avais rien à offrir, et que j’avais l’air si « ordinaire [6] » que je ne valais probablement pas grand-chose. Avec l’adolescence, c’est devenu pire et j’avais l’impression qu’il fallait que je fasse des choses pour attirer l’attention sur moi si bien que j’ai commencé à faire toutes sortes de mauvais coups. Il semblait que, sans le vouloir, je faisais tout de travers. Il me fallait composer avec ma sœur Réjeanne, qui était un peu plus âgée et avait une conduite exemplaire. On aurait dit qu’elle ne pouvait jamais mal faire et du coup, il était très difficile d’être à la hauteur. J’ai toujours admiré Réjeanne et j’ai essayé plusieurs fois de l’imiter mais ça ne marchait jamais vraiment bien et finalement je faisais toujours la mauvaise chose au mauvais moment.

Voici un exemple de ma façon de m’attirer des problèmes pour des choses stupides. Un jour, au milieu de l’hiver, nos professeurs nous avaient encouragés à profiter de la toute nouvelle patinoire après la fin des cours. J’ai donc obtenu la permission d’amener mes patins à l’école et de rester une heure de plus, jusqu’à ce que ce soit l’heure de dîner, vers cinq heures. Mais pour moi, évidemment, il n’y avait pas de demi-mesures si bien qu’une fois, j’étais encore là à sept heures du soir et mon père a dû venir me chercher pour me ramener à la maison. Il ne m’a pas laissé changer de chaussures si bien que j’ai dû marcher sur mes patins jusqu’à la maison. Celle-ci n’était qu’à quatre blocs environ mais ce n’était quand même pas très facile de marcher dans la neige molle sur le bord de la rue. Quand je suis arrivé à la maison, et que j’ai pu enlever mes patins, je me suis aperçu que les orteils de mes deux pieds étaient complètement gelés. Ma mère m’a donc mis dans la baignoire pour qu’ils dégèlent. Je me souviens qu’un grand morceau de peau s’est détaché de sous mon gros orteil. Et évidemment, il a fallu que je passe un certain temps à genoux dans un coin à titre de punition pour n’être pas rentré à la maison à une heure décente comme je devais le faire. En fait, j’avais tellement de plaisir à patiner que j’avais complètement perdu l’heure de vue et je n’avais absolument pas l’intention d’inquiéter ma mère, mais c’est quand même ce qui s’est passé. Et c’est comme ça que je passais pour un mauvais garçon.

Alors que j’étais en sixième ou septième année, je m’étais joint à la fanfare de l’école, où je jouais du clairon. Évidemment, nous avions des répétitions un soir par semaine, mais un soir où il faisait particulièrement doux et où mes amis Denis Latulippe et Richard Gagnon jouaient au parc de Bourlamaque, pas très loin de la maison, je décidai de rester jouer avec eux au lieu d’aller à la répétition comme je devais le faire. Or, le hasard fit que, ce soir là précisément, il y eut un très grave accident au parc et que je me trouvais exactement à l’endroit où il se produisit, peut-être à 10 ou 15 pieds de là. Des enfants étaient en train de se balancer sur une grande balançoire, et la barre transversale à laquelle les balançoires étaient attachées a lâché et est tombée sur eux. Un des enfants s’appelait Denis Eagar. Je ne le connaissais pas personnellement mais je me souviens de lui pour l’avoir vu être frappé en pleine tête et mourir sous mes yeux. Son ami Bob, qui habitait dans une maison de la 16e rue située juste derrière la nôtre, a lui aussi été frappé à la tête mais le coup a un peu dévié et, bien qu’il ait été gravement blessé, il a survécu à l’accident. Évidemment, j’étais complètement sous le choc et je courus à la maison. Ma mère a dû se rendre compte qu’il s’était passé quelque chose mais pour une raison que j’ignore, elle décida de ne pas me poser de question, peut-être parce que j’étais trop bouleversé. Plus tard, après notre mariage, j’ai appris que ma femme Mary était aussi au parc ce soir-là. Quelle coïncidence! Par la suite, j’ai aussi travaillé ave le père de Denis Eagar à la mine Manitou Barvue, où il était géologue en chef.


Vers le milieu de l’année 1965, j’ai rencontré Mary, qui habitait la maison voisine de celle de ma mère et de mon père, sur la 10e rue, à Val-d’Or. Je crois que mes parents s’y étaient installés en 1963 ou 1964. Mary et moi avons été ensemble depuis lors. Notre première rencontre officielle a eu lieu le 22 août 1965 et nous nous sommes mariés le 8 janvier 1966 à l’église ukrainienne de Val-d’Or. Il y a eu ensuite une réception dans la salle polonaise avec au moins 100 invités [7].

Nous avons loué un petit appartement sur la 11e rue, où nous devions partager les toilettes avec les autres locataires mais le loyer était bon marché. À l’époque, je travaillais à Quévillon comme commis au logement pour Atco Services Ltd. J’en suis parti peu après mon mariage parce que je voulais passer le plus de temps possible avec ma femme. Je suis donc rentré à la maison et j’ai commencé à chercher un emploi dans la ville. J’ai eu la chance que mon père travaille à la mine (Manitou Barvue Mines) et ait une très bonne réputation, si bien qu’ils m’ont embauché moins de deux semaines après que j’aie quitté mon premier emploi. Je suis resté dans cette mine pendant cinq ans, jusqu’à ce qu’ils décident de fermer. Ils avaient apparemment épuisé les réserves et ont donc mis à pied la plus grande partie de la main-d’œuvre, mais ils ont par la suite décidé de poursuivre l’exploitation quelques années de plus. Pour ma part, j’avais déjà trouvé un autre emploi. Je travaillais pour Victorien Sylvestre, un arpenteur-géomètre, et je voulais apprendre le métier. Je décidai donc de rester là plutôt que de retourner à la mine et de risquer d’être de nouveau mis à pied une année après.
Robin et Mary vers 1965


Finalement, je travaillai pour M. Sylvestre pendant près de deux ans et demi, puis j’allai travailler pour un autre arpenteur-géomètre, à Saint-Jean-d’Iberville (aujourd’hui Saint-Jean-sur-Richelieu) où je restai encore deux ans et demi. Je dus ensuite retourner à Val-d’Or, où je trouvai un emploi chez un autre arpenteur-géomètre dont je ne parviens pas à me souvenir le nom. Mais cela ne dura pas très longtemps : un beau jour il me déclara sans le moindre avertissement que mes services n’étaient plus requis.

Je dus donc accepter un emploi dans une agence de recouvrement de la ville, où je restai jusqu’à ce que je trouve un autre emploi dans une mine, la mine Sigma, où je travaillai comme arpenteur de fond pendant près d’un an. Ils décidèrent alors de licencier parce que le prix de l’or avait plongé et je fus l’un des premiers à recevoir ma lettre de mise à pied. Après ça, je suis allé travailler à la Baie James mais encore une fois, cela n’a pas duré longtemps. À la vérité, je ne sais même pas ce que j’étais censé faire là de toute façon. Tout ce que j’ai fait pendant les 57 jours que j’y ai passés est de rester assis dans un bureau et de regarder par la fenêtre. Je répondais aux quelques coups de téléphone que nous recevions et c’est tout. Puis Mary et les enfants se sont trouvés pris dans un cambriolage de banque. Il y a eu quelques coups de feu et l’un des cambrioleurs a été tué sur le coup. Quand ils ont réussi à me joindre au téléphone pour me raconter ce qui s’était passé, Mary et les enfants avaient l’air assez secoués, ainsi que ma mère. J’ai donc démissionné et suis rentré à la maison dès le lendemain.

J’avais envoyé un certain nombre de curriculum vitae partout où je pensais pouvoir décrocher un emploi, mais j’eus quand même beaucoup de chance d’avoir un appel d’une entreprise de l’ouest du Canada qui était intéressée par mes qualifications quelques jours seulement après mon retour. Après un court entretien téléphonique, ils me demandèrent de passer une visite médicale dès que possible et de demander au médecin de leur envoyer son rapport. Si le résultat était positif, j’étais embauché.

J’allai donc me faire examiner par le Dr Mercier et lui demandai d’envoyer le rapport. Ils m’ont rappelé un ou deux jours plus tard pour me dire qu’ils allaient m’envoyer des billets d’avion pour moi et pour ma famille. Ils souhaitaient que j’arrive le plus tôt possible. Nous avons donc quitté Val-d’Or le 8 décembre 1976 [8] pour Edmonton, en Alberta, où je devais me présenter à leur siège social pour une autre entrevue avant de me diriger plus au nord vers Uranium City, en Saskatchewan [9]. On m’avait dit au téléphone que j’aurais une maison fournie par l’entreprise et n’avais pas besoin d’amener ma voiture car la ville était si petite que je n’aurais pas besoin d’un moyen de transport. Le jour suivant, nous avons donc pris l’avion de la société (un DC4) pour nous diriger vers le nord-est en direction d’Uranium City.

En fait, nous avons atterri à Eldorado, une ville minière située à moins d’un ¼ de mile de la mine elle-même. La température à Uranium City, ce matin-là, était à peu près de -58 degrés F ( -50 degrés C) avec un vent violent, si bien que je ne voulais même pas sortir de l’avion. Je voulais retourner immédiatement chez moi mais on me dit que le vol de retour à Edmonton était plein et que je devrais attendre au moins jusqu’au lundi suivant pour repartir, si c’était vraiment ce que je voulais.

Nous somme donc descendus de l’avion et nous sommes dirigés vers le terminal du petit aéroport, qui était en cours de rénovation, si bien que l’électricité était débranchée et qu’il n’y avait même pas d’eau. Ce qui ne fit que renforcer mon désir de repartir au plus vite.

Heureusement, le responsable des ressources humaines qui était venu nous accueillir à l’aéroport nous conduisit à notre résidence. Comme il nous l’expliqua, c’était une solution temporaire car la maison que nous devions occuper à Uranium City n’était pas encore prête. Il s’agissait d’une grande caravane double (apparemment toute neuve) entièrement aménagée et équipée de tout le nécessaire. Il nous dit qu’il allait nous donner une heure pour reprendre nos esprits et qu’ensuite il viendrait nous chercher pour nous emmener à Uranium City acheter les produits d’épicerie qui pouvaient manquer dans le placard et dans le frigo et nous montrer notre future maison.

Mary, Robin, Sonya et Robby vers 1976
Nous n’avons pas été non plus très impressionnés par la ville, qui était petite et vieillote, avec de toutes petites maisons. Puis il nous a montré notre future résidence. Elle semblait de construction récente et avait plutôt belle allure, avec une grande cour arrière et à proximité d’un petit lac. Puis nous allâmes à l’épicerie de l’entreprise en ville et il nous dit qu’au départ elle était réservée aux employés mais que cela avait changé quelques années auparavant et qu’elle était maintenant ouverte à tous les habitants. De là, il nous conduisit au magasin La Baie, un magasin général et d’alimentation. Il nous montra la quincaillerie, la pharmacie, l’hôtel, la banque, le restaurant, le bureau de poste, etc. Il nous expliqua aussi que j’avais droit à un certain nombre de vols gratuits vers Edmonton avec ma famille à bord des avions de la société, et aussi à des laissez-passer spéciaux pour les personnes qui voudraient nous rendre visite.

Je commençai à travailler le lundi. Évidemment, je dus d’abord suivre une initiation et une formation pour mes nouvelles tâches, lesquelles consistaient à suivre le travail fait par les mineurs de fond et à calculer le bonus en fonction d’une liste extrêmement détaillée des différentes tâches et de leur valeur en points. Je devais aussi assurer une inspection régulière de toutes les zones de travail sous terre et enquêter au besoin, si l’on suspectait une fraude.

Je pense que Mary et les enfants se sont adaptés assez vite bien que nous soyons arrivés en plein milieu d’un hiver extrêmement froid. Les enfants devaient aussi s’adapter à une nouvelle école, se faire des nouveaux amis, etc., et je suis sûr que cela n’a pas été facile non plus. Mais à la fin de l’été suivant, tout semblait réglé et les choses sont devenues plus faciles pour tout le monde.

Finalement, nous avons passé cinq ans à Uranium City, jusqu’à ce que la direction décide de fermer la mine après plus de 40 ans d’exploitation. Nous avons donc dû repartir et tout recommencer à zéro.

Du temps où nous habitions Uranium City, nous nous sommes fait de très bons amis avec lesquels nous sommes toujours restés en contact. Les deux premières années, mon meilleur ami était Peter Wilson. Nous nous étions rencontrés au club local de CB (réseau à ondes courtes) et sommes devenus de très bons amis. Un jour, il est venu me voir chez moi pour me dire qu’il avait décidé de partir d’Uranium City pour tenter sa chance dans le sud. Il avait économisé assez d’argent pour retourner étudier à Saskatoon en vue de devenir ingénieur électricien, et me demandait si je pouvais le conduire à l’aéroport. Je ne me souviens pas exactement si c’est arrivé quelques jours avant qu’il quitte la ville ou le jour même.

Jean, Robin et Marc Imbeault (1981)
Son départ m’a beaucoup affecté parce que c’était la première fois depuis mon enfance à Val-d’Or que je me faisais un bon ami et que je ne m’attendais pas à ce qu’il parte. Il avait grandi dans cette ville et je pense que ce n’était pas facile pour lui non plus. Il s’était marié deux ans avant notre rencontre mais ça ne marchait pas très bien et je crois qu’ils se sont séparés peu de temps avant que je le rencontre. Après son départ, Uranium City n’était plus la même et il me fallut un certain temps pour m’en remettre et me faire de nouveaux amis. Mais avant que nous ne quittions la Saskatchewan, Mary et moi étions tous deux devenus amis de trois ou quatre couples avec lesquels nous avions des choses en commun.

L’un de ces couples était celui des Kusmic, Fred et Ardele, qui avaient six enfants à eux et s’occupaient en plus de trois ou quatre enfants à titre de famille d’accueil. Puis il y avait les Eaket, Roy, Carroll et leurs cinq ou six enfants, et enfin les Husack, Jack et Pauline, qui avaient encore cinq enfants à la maison même si au moins l’un de leurs fils (le plus âgé, je suppose) avait déjà quitté la ville et faisait sa vie avec sa femme et ses enfants quelque part en Colombie-Britannique. Nous sommes encore en contact plus ou moins régulier avec tous même si on ne peut pas parler de relations très étroites.

Par exemple, les Kusmic vivent à Edson, en Alberta, où nous avons habité pendant 16 ans, mais nous ne nous sommes pas vus beaucoup à cause de leurs occupations avec les enfants qu’ils accueillaient et le fait qu’ils étaient très religieux et appartenaient à une église de type évangéliste (born again).

Les Eakets ont déménagé d’Uranium City en Ontario, puis en Nouvelle-Écosse, où ils vivent encore. Et, de tout notre groupe, ce sont les Husack qui ont été les derniers à quitter Uranium City, pour Kindersley, en Saskatchewan, où ils sont maintenant à la retraite. Nous sommes restés en contact avec eux par le biais de cartes de vœux à Noël ou à des occasions particulières et nous nous sommes arrêtés chez eux à deux ou trois reprises pour de très courtes visites.

Le seul avec lequel nous soyons réellement restés en contact, surtout ces dernières cinq ou six années, est Peter, qui vit maintenant à Calgary avec sa nouvelle femme depuis au moins 20 ans. Il est maintenant à la retraite depuis quelques années mais sa femme travaille encore même si elle pense à prendre elle aussi sa retraite bientôt. Une des principales raisons pour lesquelles nous sommes encore en contact est notre passion commune pour la moto. Plus d’une fois, nous somme allés en vacances en Colombie-Britannique pour les y retrouver au moins une semaine dans un camping de Penticton, où nous passions la journée à moto.

L’été dernier, nous n’avons pas pu nous y retrouver à cause de mes problèmes de santé et aussi parce qu’ils avaient prévu un long voyage sur la côte est. Nous avions discuté de la possibilité de les accompagner pour une partie du voyage au moins mais je travaillais encore à ce moment là, ce qui réduisait la durée pendant laquelle je pouvais m’absenter. Ils avaient prévu un voyage de deux mois, ce qu’ils ont fait, et ils semblent avoir profité de chaque minute de celui-ci. Peter m’a envoyé des photos qu’ils ont prises tout au long du chemin avec une courte description de chacune. J’ai reconnu beaucoup des endroits où ils se sont rendus car nous y étions allés au cours des quelques années où nous avons vécu au Québec ou de certains des voyages que nous avons fait pendant les vacances lorsque nous habitions soit à Uranium City soit, plus tard, à Yellowknife.



Quand nous avons quitté Uranium City à la mi-avril 1982, Mary et Sonya ont pris l’avion jusqu’à Saskatoon et ont loué un motel en nous attendant, Robby et moi. Nous étions partis avec notre camion d’une demi-tonne qui tirait notre bateau sur une remorque. Lorsque nous sommes arrivés à North Battleford, je me suis aperçu que nous avions gravement endommagé le bateau au cours du voyage sur la route de glace et les quelque 100 miles de route hivernale qui avaient suivi. J’ai donc décidé de mettre à exécution une idée qui fermentait dans ma tête depuis un moment : troquer le bateau contre une « boîte campeur » que l’on pourrait monter à l’arrière de mon camion, et c’est ce que nous avons fait à North Battleford, chez Hunter Sport. Nous nous étions entendus pour revenir le jour suivant chercher la boîte campeur et signer les papiers, ce que nous fîmes le lendemain. Le jour suivant nous sommes retournés au motel à Saskatoon, et le lendemain nous avons pris la route en prévoyant de rejoindre Val-d’Or, au Québec, en trois ou quatre jours, et ce, en dormant dans notre toute nouvelle (mais pas neuve) boîte campeur.

Nous avons pris l’autoroute le jour suivant mais nous sommes vite aperçus que notre bien modeste camion de ½ tonne, modèle de 1981, était trop petit pour cette grosse boîte campeur [10]. Avec son moteur de six cylindres, il n’avait pas assez de puissance, et les suspensions n’étaient pas assez robustes, ce qui le rendait très instable quand nous croisions les gros dix-huit-roues. Nous avons donc brièvement discuté de ce que nous devrions faire sur le chemin de Régina et avant l’arrivée, nous avions décidé soit d’échanger le camion contre un plus gros, soit de faire demi-tour et de nous rendre directement à Yellowknife, en renonçant aux vacances pour cette année-là.

À notre arrivée à Regina, j’ai repéré un vendeur GM sur le bord de la route, avec un centre commercial de l’autre côté de la rue. J’ai donc dit à Mushka [11] que je pourrais la déposer avec les enfants au centre commercial pendant que j’allais discuter avec les vendeurs de l’autre côté de la rue. En quelques minutes, j’avais trouvé un Chevrolet de ¾ de tonnes d’occasion (également un modèle 1981) avec un gros moteur V8 assez puissant pour la boîte. Je leur ai donc demandé de démonter la boîte de mon camion et de l’installer sur le ¾ de tonne, et une ou deux heures plus tard, nous prenions la route dans le Chevrolet avec air conditionné, volant inclinable, régulateur de vitesse et verrouillage électrique des portes, le tout avec un faible kilométrage (en fait, je pense qu’il n’avait que 5000 kilomètres au compteur, tandis que le ½ tonne que j’avais échangé en avait un peu plus de 10 000, si bien que c’est parfaitement satisfaits que nous avons continué notre petit bonhomme de chemin.

Après un bref arrêt à Elliot Lake, en Ontario, nous sommes finalement arrivés à Val-d’Or, où nous avons rendu visite à des parents pendant quelques jours, puis nous avons décidé de descendre à Montréal pour voir le reste de la famille. Ma mère avait décidé d’accepter mon offre de retourner avec nous à Elliot Lake pour rendre visite à sa sœur Florence, son frère Gérard et sa belle-sœur Simone. De là nous avons roulé jusqu’à Yellowknife sans nous arrêter sauf pour laisser notre camion et la petite remorque (héritage de mon père) ainsi qu’un petit bateau en aluminium et son moteur à Hay River, d’où nous avons pris l’avion. Je devais revenir un mois plus tard une fois que le service de ferry serait rétabli pour traverser la rivière McKenzie. Bien entendu la maison que nous avaient assignée les Ressources humaines n’était pas prête et nous avons dû loger à l’hôtel Explorer une semaine avant de pouvoir emménager. Je ne me souviens pas si nos meubles étaient déjà arrivés ou pas, je ne peux vraiment pas me souvenir de la raison pour laquelle nous avons dû passer la première semaine à l’hôtel.

À la mine Giant, j’occupais le poste d’arpenteur-géomètre de surface. J’étais supposé assurer tout l’arpentage qui devait être fait en surface, dont celui des puits à ciel ouvert. C’est allé plutôt bien les deux premières années, puis un jour, mon superviseur m’a dit qu’un poste de chef d’équipe allait être libéré dans le puits à ciel ouvert et qu’ils avaient l’intention de me le proposer. J’acceptai donc et me mis au travail. Le travail était bien plus facile que je l’imaginais et je n’ai eu aucun problème jusqu’à ce qu’ils décident d’arrêter l’exploitation du puits et m’offrent le poste de contremaître de la station de retraitement des résidus, où j’ai travaillé un peu plus d’un an. Comme la station ne fonctionnait que lorsque la chaleur le permettait, ils m’avaient offert un poste au service de maintenance comme planificateur pour la période d’arrêt, mais je n’aimais pas beaucoup ce travail et n’y mettais pas beaucoup d’enthousiasme.

J’ai donc saisi la première chance que j’ai eu d’en sortir et, quand un poste d’arpenteur-géomètre en chef s’est ouvert, j’ai posé ma candidature et l’ai obtenu. J’y suis resté jusqu’à ce que je sois transféré de Yellowknife à la nouvelle installation de la société, à Hope Brook, à Terre-Neuve. Les choses ne se passaient pas très bien à la mine depuis quelque temps. En fait, les problèmes ont commencé dès le jour où la Royal Oak Mine a pris en charge l’exploitation. Le nouveau « Big Boss » était Peggy Whitte (Miss Piggy), qui a imposé son système : un système tordu et oppressif. Les mineurs appartenaient à un syndicat très radical, la CASAW [12] (Canadian Association of Smelter and Allied Workers) et ils ont tout de suite riposté. C’est allé de mal en pis et, quand les négociations pour un nouveau contrat de travail ont commencé, aucune des deux parties ne voulait lâcher un pouce de terrain. Je pouvais voir où ça s’en allait et je n’aimais pas ça du tout [13]. J’étais obligé de participer à des réunions de direction où la discussion était centrée sur l’embauche de briseurs de grève (scabs) et la mise en place de forces de sécurité musclées pour combattre les travailleurs syndiqués lorsque la grève serait déclenchée. Tout était planifié et les gens étaient déjà embauchés avant même que la grève soit votée [14].

Robin sur sa moto près d'Edmonton
Ma femme, Mary, et moi sommes partis à Corner Brook, à Terre-Neuve, à la fin avril 1992. En chemin vers Edmonton, où nous pensions passer quelques jours avant de nous diriger vers l’est, nous avons eu un accident, à 300 kilomètres environ au nord d’Edmonton. Il était à peu près une heure. Je commençais à être fatigué et j’ai cru voir un chien ou un animal quelconque sur la route. J’ai essayé de l’éviter mais j’ai perdu le contrôle de la voiture et nous nous sommes retrouvés dans le fossé. Après avoir heurté le bord d’un caniveau, la voiture s’est carrément envolée sur plusieurs pieds : il n’y avait aucune trace sur la chaussée. J’ai eu la chance de m’en sortir sans la moindre égratignure mais Mary a été blessée assez gravement. Elle essayait de sortir de la voiture mais ne pouvait pas bouger à cause d’une terrible douleur au côté. J’ai pensé qu’elle avait au moins une côte cassée et lui ai dit de ne pas bouger, que j’allais aller chercher de l’aide.

Malheureusement, il n’y avait pas de service de téléphone cellulaire à cet endroit-là. J’ai donc décidé d’arrêter le prochain véhicule qui passerait. Après que trois ou quatre soient passé sans s’arrêter, je me suis carrément planté au milieu de la route pour arrêter le suivant, un gros semi-remorque. Le chauffeur avait un poste de radio et il a réussi à appeler une ambulance et la police. Le policiers sont arrivés les premiers et m’ont aidé à récupérer le porte-bagages que j’avais fixé sur le toit et qui avait été projeté sur la barrière d’une ferme, ainsi qu’une partie du stock qui s’était dispersé un peu partout. Puis l’ambulance est arrivée : ils ont sorti Mary de la voiture, l’ont mise sur une civière et l’ont emmenée. Ils voulaient que je l’accompagne à l’hôpital le plus proche, à McLennan, à environ 375 kilomètres au nord d’Edmonton. Les policiers m’ont dit qu’ils s’occuperaient de trouver une remorqueuse, de rassembler toutes nos affaires dans la voiture, de bien la fermer et de la faire remorquer dans un garage proche où je pourrais revenir dans les jours suivants pour m’en occuper.

Lorsque nous somme arrivés à l’hôpital de McLennan, un médecin de garde a examiné Mary et décidé que son état était trop grave pour qu’ils s’en occupent sur place. Ils ont donc pris des dispositions pour qu’elle soit transportée à Edmonton. Comme une infirmière accompagnait Mary, il n’y avait pas de place pour moi dans l’avion et j’ai dû passer la nuit à McLennan, où je n’ai pas réussi à trouver une chambre, ni dans un hôtel, ni dans un motel. J’ai donc passé le reste de la nuit à marcher dans les rues. Quand j’avais quitté l’hôpital, la porte s’était refermée sur moi si bien que je ne pouvais plus y retourner. J’ai passé au moins une heure ou deux debout sous un auvent en face du motel après avoir frappé à la porte et à la fenêtre sans obtenir de réponse. Il s’est alors mis à tomber une petite pluie fine, assez forte pour que je sois complètement trempé avant que le propriétaire finisse par se réveiller et me laisser entrer. Quand je lui ai raconté mon histoire, il m’a offert un petit déjeuner et a appelé une société de location de voitures à Peace River, à 77 kilomètres au nord de McLennan. Ils ont accepté de m’amener une voiture mais il leur fallait d’abord mon numéro de carte Visa. Il a finalement fallu que j’attende au moins quatre ou cinq heures qu’une voiture arrive parce que la première est tombée en panne et qu’ils ont dû retourner à Peace River en chercher une autre.

Robin et Mary en 2008


Je me suis alors rendu à Edmonton, où j’ai retrouvé Mary à l’hôpital universitaire. On l’avait soignée mais elle était encore aux soins intensifs, où on l’a gardée encore trois ou quatre jours avant de l’installer dans une chambre normale. Quand Robby et Sylvia ont appris la nouvelle, ils ont décidé de prendre l’avion de Yellowknife à Edmonton pour passer quelques jours avec nous. Plutôt que de louer une chambre dans un hôtel, je logeais dans mon motor home [15]. Je l’avais amené à Edmonton un mois avant pour le faire réparer et il m’a donc suffi d’aller le chercher au garage et de l’installer au camping Glowing Embers [16], juste à la sortie d’Edmonton. J’y suis resté jusqu’à ce que Mary sorte de l’hôpital et puisse voyager.

En principe, je devais me présenter à mon nouveau poste à la fin avril mais la dernière semaine était déjà arrivée et, d’après mes estimations, le trajet jusqu’à Terre-Neuve prendrait au moins 7 à 10 jours. J’ai donc appelé mon patron pour lui expliquer la situation. Je lui ai aussi dit que j’aimerais m’arrêter quelques jours en chemin pour rendre visite à ma mère et à mes frères et sœurs au Québec. Il m’a répondu qu’on m’attendrait et que je pouvais prendre quelques semaines.

Nous avons donc rendu visite à notre famille à Montréal et à Val-d’Or et pris le temps de nous promener dans la région avec le motor home pour revoir les endroits où nous aimions aller quand nous habitions à Saint-Jean et à Val-d’Or avant de nous diriger vers Terre-Neuve.

Si mes souvenirs sont bons, nous sommes arrivés à Corner Brook, où nous avions décidé de nous installer, dans la première semaine de mai et y avons loué une maison. J’attendis un jour ou deux avant de me rendre sur le site de la mine car il fallait que je réserve un vol auprès de l’entreprise aérienne qui travaillait pour la société. Sur place, je fus très bien reçu et me rendis compte que j’aurais le même superviseur qu’à Yellowknife : lui aussi avait été muté pendant que nous étions à Edmonton et au Québec. Par conséquent, tout allait bien.

À Hope Brook, je travaillais comme superviseur des travaux d’aménagement du site. Je devais m’occuper de tout ce qui concernait les transports tant à l’intérieur du site que pour s’y rendre et pour le quitter. J’étais également responsable de la machinerie lourde, ainsi que des conducteurs et des charpentiers. Enfin, je devais planifier le service de transport vers et à partir de la mine, tant en avion que par bateau (un bateau nommé Le couteau jaune [17]). Une de mes principales responsabilités était l’achèvement d’une piste d’atterrissage temporaire pour le Twin Otter qui assurait la liaison avec la mine. Une fois la piste prête, nous avons commencé à travailler sur une piste d’aéroport permanente à l’autre extrémité du site. Ma principale responsabilité était de trouver un endroit adéquat pour y extraire de la roche et y installer un concasseur mobile de façon à fabriquer les matériaux nécessaires à la partie supérieure de la piste.

Robin et son fils Robby en 2010

Il était impossible d’accéder à la mine ou d’en repartir autrement qu’en avion ou en bateau l’été. L’hiver, certains travailleurs utilisaient des motoneiges mais je ne suis pas resté assez longtemps pour voir qui que ce soit faire le trajet : je suis arrivé après la fin de la saison et reparti avant le début de la suivante. J’avais commencé à travailler vers le début de mai 1992 et suis reparti vers la mi-novembre.















NOTES


[1] Traduction, présentation et adaptation par Claire-Marie Clozel et Marc Imbeault. Le titre exact du texte de Robin était « My story, Part 1 » mais il semblerait que Robin n’ait jamais écrit la partie 2, soit qu’il ait changé de plan soit qu’il n’en ait pas eu le temps.

[2] Le pensionnat Notre-Dame-des-Anges, situé dans ce qui est devenu après une série de fusion Notre-Dame-de-Montauban, à une centaine de kilomètres de la ville de Québec, n’existe plus.

[3] Robin raconte qu’il était tout heureux de ramener cette lettre à ses parents lors des vacances des Fêtes de fin d’année : il croyait que c’étaient de bonne nouvelles! En 2008, il est retourné à Notre-Dame-des-Anges et y a rencontré une religieuse qui lui avait enseigné et qui le reconnut immédiatement. (Apparemment, il ne passait pas inaperçu!) Parmi les souvenirs qu’il gardait de son séjour au pensionnat, Robin parlait d’un mélange de beurre d’arachide et de mélasse que les religieuses servaient souvent comme dessert et qu’il aimait particulièrement.

[4] Ce qui équivaudrait à une deuxième année de secondaire aujourd’hui.

[5] Le passage qui suit, jusqu’à « géologue en chef », se trouvait à l’origine au début du texte de Robin. Il est possible que Robin ait envisagé de lui donner une suite, peut-être plus centrée sur ses émotions, mais nous ne le savons pas. Dans l’état actuel du texte, il nous a paru préférable de le replacer dans le corps du texte, au moment où les événements se déroulent. 

[6] Au sens québécois du terme, c’est-à-dire sans charme, peu attrayant. En fait, le mot employé par Robin est « holely » mais comme ce mot n’existe pas (les rares occurrences sur Internet concernent le pain − bien levé − ou des tours de magie) je pense que c’est une faute de frappe. Si je le signale toutefois, c’est que l’idée de « trou » ou de « vide » (intérieur) – hole − est également présente ailleurs dans ce passage si bien qu’on pourrait interpréter cette faute de frappe comme un lapsus, ou penser que Robin a créé un mot pour traduire ce qu’il ressentait.  (CMC)

[7] Robin n’insiste pas beaucoup sur cette cérémonie pourtant mémorable qui comprenait un banquet suivi de danses avec bar ouvert – et certains en ont bien profité!

[8] D’après Rita Imbeault, il s’agirait plutôt du 8 décembre 1975.

[9] À l’extrémité nord-est de la province.

[10] Pour ceux qui ne connaissent pas ce genre d’équipement, il s’agit d’une « boîte » qui permet de transformer la plateforme arrière d’un camion en mini-caravane. 

[11] Petit nom d’affection signifiant littéralement « petite mouche » en polonais.

[12] Souligné par Robin.

[13] La situation était d’autant plus difficile pour Robin, que son fils Robby appartenait lui-même au syndicat.

[14] Les choses ont brutalement dégénéré pendant la grève. Une explosion s’est alors produite, tuant neuf employés parmi les « scabs » employés par l’entreprise. Par la suite, un gréviste appartenant à l'unité de négociation a été inculpé et déclaré coupable de meurtre. (Au sujet de la grève et des graves incidents qui l’ont marquée, voir http://csc.lexum.org/fr/1996/1996rcs1-369/1996rcs1-369.html)

[15] Véhicule aménagé comme une caravane, également appelé autocaravane, mobile home ou véhicule récréatif.
 
[16] Robin a fréquenté ce terrain de camping jusqu’à la fin de sa vie.

[17] Le couteau jaune : en français dans le texte de Robin. Je me suis bien demandé pourquoi, alors j’ai fait une petite recherche… Surtout que « couteau jaune » c’est « yellow knife »… Et même si je n’ai pas trouvé trace du bateau de ce nom, j’ai appris que le nom Yellowknife venait du nom d’une tribu indienne chipewyan, laquelle tirerait le sien du couteau de cuivre (et non d’or, comme on aurait pu le croire) que les Indiens utilisaient. Par ailleurs, la mine Hope Brook était implantée à Couteau Bay. Il n’est pas rare en effet à Terre-Neuve que les noms français et anglais se mélangent joyeusement… Il est donc fort possible que l’on ait donné au bateau le nom français Couteau jaune en référence à la fois à la baie du même nom et à Yellowknife. (CMC)















CAN 2012 - Le Sénégal perd son premier match

PhiGéo

Les Sénégalais ont mal entrepris la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) hier en perdant le premier match 2-1 face à la Zambie pourtant moins forte (théoriquement). La première demie a été catastrophique. Les Zambiens ont marqué deux buts dans les 25 premières mintues : Boom ! Boom ! Rien ne marchait pour le Sénégal et les Zambiens contrôlaient  le match. Les joueurs sénégalais perdaient tous leurs duels à un contre un.

CAN 2012 Sénégal-Niang: "C'est un naufrage collectif, nous avons perdu tous les duels"
Mamadou Niang - Capitaine de l'équipe du Sénégal - Ph. PressAfrik.com


Il y a eu un sursaut en deuxième demie, mais ce n'était pas suffisant. Le site PressAfrik rapporte les propos du capitaine Niang parlant d'un naufrage collectif et soutenant qu'il faut maintenant oublié ce match et se tourner vers l'avenir. Rien n'est perdu, en effet, mais il n'y a plus de marge de manoeuvre pour les grands Lions du monde ! Il faudra vaincre l'équipe hôtesse de la CAN, la Guinée-Équatiorale mercredi. 

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