PhiGéo
Il y a deux ans, le philosophe Jacques Bouveresse prenait sa retraite du Collège de France. Il n'y a rien en soi de bien extraordinaire à cela. Mais, à Paris, il y a un enjeu philosophico-politique latent, si je puis dire, qui éclate au grand jour dans ce genre d'occasion.
Une sorte de complexe ou, en tous cas, une difficulté, un trouble ou une crainte, face à la puissance de la philosophie pratiquée dans le monde anglo-saxon (et, pour dire vrai, peut-être un complexe, un trouble ou une crainte de la puissance du monde anglo-saxon tout court), provoque inévitablement un rejet de tout ce qui ressemble, ou peut ressembler, à la philosophie analytique. Manière de philosopher que l'on présente comme un succédané de la science ou encore comme une police de la pensée ou, pire, comme une entreprise intellectuelle terrorisante d'asservissement de la pensée qui bloquerait toute création innovante. Il ne s'agit pas ici de caricatures, ni de simplifications mais de portraits inventés, sortis de nulle part, par des esprits ignorants des textes et résolument décidés à le demeurer.
J'invite toutefois le lecteur à consulter le texte de Jacques Bouveresse qui présente bien mieux que moi ce qui s'est produit lors de la nomination de la personne qui l'a remplacée au Collège de France. L'auteur y parle aussi de la manie de confondre en France (j'ajouterais que ce n'est pas seulement une manie française), la compétence professionnelle et la reconnaissance médiatique. Il faut dire que ce travers n'est pas seulement le fait des intellectuels. Les institutions d'enseignements sont avides de publicité et accordent beaucoup de crédit à la moindre "apparition" médiatique de l'un de leurs employés. Dans le cas des professeurs, le résultat est qu'ils sont encouragés à devenir des "m'as-tu vu hier à la télévision ?" ou "as-tu lu mon article dans le journal ?" Il n'est certainement pas interdit pour un intellectuel de passer à la télévision ou d'écrire dans un journal, sauf qu'il ne s'agit pas de critères essentiels de sa compétence professionnelle.
Avec le recul du temps, j'ajouterai que ce dont parlait Bouveresse en 2011 existe depuis longtemps et ne ralenti pas seulement le pas de la philosophie française mais probablement aussi celui de d'autres domaines du savoir en France.
Voici le lien de l'article de Bouveresse :
http://www.acrimed.org/article3627.html
Jacques Bouveresse |
Il y a deux ans, le philosophe Jacques Bouveresse prenait sa retraite du Collège de France. Il n'y a rien en soi de bien extraordinaire à cela. Mais, à Paris, il y a un enjeu philosophico-politique latent, si je puis dire, qui éclate au grand jour dans ce genre d'occasion.
Une sorte de complexe ou, en tous cas, une difficulté, un trouble ou une crainte, face à la puissance de la philosophie pratiquée dans le monde anglo-saxon (et, pour dire vrai, peut-être un complexe, un trouble ou une crainte de la puissance du monde anglo-saxon tout court), provoque inévitablement un rejet de tout ce qui ressemble, ou peut ressembler, à la philosophie analytique. Manière de philosopher que l'on présente comme un succédané de la science ou encore comme une police de la pensée ou, pire, comme une entreprise intellectuelle terrorisante d'asservissement de la pensée qui bloquerait toute création innovante. Il ne s'agit pas ici de caricatures, ni de simplifications mais de portraits inventés, sortis de nulle part, par des esprits ignorants des textes et résolument décidés à le demeurer.
J'invite toutefois le lecteur à consulter le texte de Jacques Bouveresse qui présente bien mieux que moi ce qui s'est produit lors de la nomination de la personne qui l'a remplacée au Collège de France. L'auteur y parle aussi de la manie de confondre en France (j'ajouterais que ce n'est pas seulement une manie française), la compétence professionnelle et la reconnaissance médiatique. Il faut dire que ce travers n'est pas seulement le fait des intellectuels. Les institutions d'enseignements sont avides de publicité et accordent beaucoup de crédit à la moindre "apparition" médiatique de l'un de leurs employés. Dans le cas des professeurs, le résultat est qu'ils sont encouragés à devenir des "m'as-tu vu hier à la télévision ?" ou "as-tu lu mon article dans le journal ?" Il n'est certainement pas interdit pour un intellectuel de passer à la télévision ou d'écrire dans un journal, sauf qu'il ne s'agit pas de critères essentiels de sa compétence professionnelle.
Avec le recul du temps, j'ajouterai que ce dont parlait Bouveresse en 2011 existe depuis longtemps et ne ralenti pas seulement le pas de la philosophie française mais probablement aussi celui de d'autres domaines du savoir en France.
Voici le lien de l'article de Bouveresse :
http://www.acrimed.org/article3627.html