27 janvier 2013

Mali journalists despair over 'invisible war'

Un militaire bloque l'accès au Nord du Mali - AFP /  Al Jazeera
PhiGéo

Le site anglophone de la chaîne Al Jazeera se plaint du contrôle de l'information par l'armée française au Mali. Al Jazeera parle d'une guerre invisible et laisse plus ou moins entendre qu'il pourrait y avoir de la part des militaires français et maliens des mauvais traitements de prisonniers, voire pires, compte tenu de la difficulté pour les journalistes de se rendre dans les zones de combats et de témoigner du déroulement de la guerre.

"There are no official death tolls either for civilians or soldiers. No-one interviewed by Al Jazeera could say where prisoners of war were being held or how they were being treated.

The International Committee of the Red Cross, the international humanitarian organisation that often has access to prisoners, was similarly unable to comment to media about any prisoners or detention facilities it may have visited.

Julie Remy, from the medical humanitarian organisation Doctors Without Borders (MSF by its French acronym), told Al Jazeera that she did not know where those injured by the fighting were receiving treatment.

While local partners working with MSF had treated 30 people in Timbuktu, no-one injured in the fighting in Gao or the nearby town of Ansongo had come to their facilities for treatment during the fighting there, she said.

"I don’t know what that means in terms of where they are going for treatment," she said.

A source who had visited the hospital in Gao since the fighting began said he had seen dozens of bodies of rebel fighters killed."


L'ensemble de l'article semble insinué que des abus pourraient être commis à l'abri des regards indiscrets et que le black-out actuel est non seulement louche et injustifié mais dangereux. Il ressort aussi clairement de l'article que l'avenir pourrait révéler des abus, lorsque les troupes françaises seront parties. Le texte ne manque pas, enfin, de rappeler la présence coloniale de la France dans cette région du monde. On y trouve donc, sans surprise, un parallèle facile entre ce passé coloniale, la guerre actuelle et les intentions supposées de la France pour le Mali.

26 janvier 2013

L'armée française se rapproche de Gao au Mali

PhiGéo

D'après Le Figaro, les soldats français se rapprochent de la ville de Gao, un des château-fort d'Aqmi au nord du Mali. Les frappes aériennes des Mirages et des Rafales ont continuées sans interruptions depuis deux semaines ainsi que la progression au sol vers le nord. La reconquête semble donc aller bon train. 

Si les choses se présente bien en ce moment. Il ne faut peut-être pas crier victoire trop vite. Les djihadistes peuvent opérer un repli stratégique et miser sur le temps. Ils ne sont peut-être pas en position d'affronter les troupes françaises maintenant, mais ils peuvent certainement attendre leur départ pour relancer leur action. Ce serait là une approche conforme à leur approche partout dans le monde. Le djihad est une guerre sur la longue durée.

Le Figaro - International : Au Mali, l'armée française se rapproche de Gao:

23 janvier 2013

Exit Polls in Israel Suggest Netanyahu’s Showing Is Weaker Than Expected

PhiGéo

Les résultats de l'élection israélienne donne au premier ministre Netanyahu une assemblée où le "centre" représenté par le parti dirigé par le Yair Lapid possèdera plus de force qu'auparavant. Le premier ministre sera poussé à négocier avec le centre, selon le New York Times, en raison des nombreux députés de la droite religieuse : "The right-wing and religious parties that make up Mr. Netanyahu’s current coalition combined for 60 seats, according to Israel Radio, equal to the total won by the center, left and Arab parties, pushing the prime minister toward a partnership with Mr. Lapid and perhaps some of the groups that had been in the opposition."

La politique israélienne ne devrait donc pas fondamentalement changée même si l'influence du centre pourrait assouplir un peu l'approche de M. Netanyahu.

Exit Polls in Israel Suggest Netanyahu’s Showing Is Weaker Than Expected - NYTimes.com

20 janvier 2013

La France se lance dans la « reconquête totale » du Mali


PhiGéo

Les forces armées françaises sont engagées dans une lutte pour la reconquête complète du territoire malien.  Le message du ministre de la Défense est on en peut plus clair à ce sujet :

"En France, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a affirmé dimanche que «l’objectif, c’est la reconquête totale du Mali. On ne va pas laisser des poches de résistance, tout en espérant que la force régionale africaine en cours de déploiement prenne rapidement le « relais » de l’intervention française."

Ceci est peut-être un vaste programme ! Du moins, est-ce un plan d'action bien circonscrit. Il est supporté par une bonne partie des citoyens français. Il y a quelques opposants. On peut citer, par exemple, l'ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin qui invoque, dans le Journal du Dimanche,  les guerres perdues de la dernière décennie pour critiquer la décision de s'engager au Mali : 

"Tirons les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye. Jamais ces guerres n’ont bâti un Etat solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les Etats faillis, la loi d’airain des milices armées. Jamais ces guerres n’ont permis de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus radicaux. Jamais ces guerres n’ont permis la paix régionale. Au contraire, l’intervention occidentale permet à chacun de se défausser de ses responsabilités. Pire encore, ces guerres sont un engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles d’une seule et même guerre qui fait tache d’huile, de l’Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en inondant le Sahara d’armes de contrebande. Il faut en finir." (propos repris dans Mali Actualités, http://maliactu.net/la-guerre-juste-le-mali-victime-du-manque-de-vision-de-ses-leaders-dits-democratiques/)

Sans doute y a-t-il de grands risques de s'enliser en Afrique de l'Ouest. Mais, fallait-il pour autant laisser AQMI s’installer à Bamako sans rien faire ? 

Exactions à Sévaré au Mali

PhiGéo 

Le site de l'Express fait état de graves violations des droits de l'Homme au Mali suite à la reprise de territoires sur les islamistes. Comme il arrive souvent dans les guerres, les vendettas sont cruelles. C'est ce qui semble se produire actuellement. Des allégations sérieuses planent au sujet d'exécutions sommaires par  des soldats de l'armée malienne.

Voici ce qui est rapporté au sujet de la région de Sévaré, située près de la frontière entre le Nord et le Sud du Mali :

"La hantise des djihadistes infiltrés, dans cette région qui s'apparente à une ligne de front, a donné lieu à une campagne populaire de dénonciation des "suspects". L'attaque, le 9 janvier, de la ville voisine de Konna -dont l'accès reste interdite aux ONG et aux journalistes- semblait justifier cet appel à témoins. Mais celui-ci s'est mué, semble-t-il, en chasse à l'homme.

"Depuis l'attaque des islamistes, la population s'est montrée solidaire avec les autorités, affirme le maire de Mopti, Oumar Bathily. Nous avons insisté sur le besoin de collaborer avec la police et l'armée et notre demande a été bien comprise." Avec des conséquences meurtrières.
"

Rien pour rassurer l'armée française qui souhaiterait certainement un retour au calme que de tels abus ne favoriseront pas.

18 janvier 2013

Opération SERVAL au Mali : Le retour d'un art français de la guerre (IRSEM, note 1) : THEATRUM BELLI

Colonel Michel Goya
Photo Fondation Jean Jaurès
PhiGéo


Citation du jour :
 
"Les opérations françaises ont commencé à perdre de leur efficacité lorsque l’autorité politique a nié la notion d’ennemi. On abandonnait alors la stratégie à l’adversaire tout en se contentant d’une simple mise en oeuvre de moyens sous forme de présence. Cela a commencé au Liban avec l’engagement dans la Force intérimaire des Nations-Unies au Liban (Finul) et la Force multinationale de sécurité à Beyrouth (FMSB). Cet engagement au Liban a coûté, à ce jour, la vie à 158 soldats français dont 92 dans les 18 mois d’existence de la FMSB."

Opération SERVAL au Mali : Le retour d'un art français de la guerre (IRSEM, note 1) : THEATRUM BELLI

16 janvier 2013

L'aviation française bombarde, les islamistes opèrent un "repli stratégique"

 
PhiGéo

Après quatre jours d'offensive par l'aviation française et l'arrivée de 750 militaires sur le terrain au Mali. Les islamistes opèrent un repli stratégique afin de mieux se préparer à faire face aux soldats de la CÉDÉAO (les troupes des pays africains) qui vont arrivés incessamment en renfort.

La situation pourrait se transformer rapidement en "guerilla" et les attentats terroristes devenir la manière privilégiée de combattre pour les islamistes du Mali.

""Les jihadistes comptent sur une guerre de longue haleine. Ils sont à l'aise dans cette situation: le grand désert, les reliefs difficiles, une situation sécuritaire précaire", [d'après] Alaya Allani, universitaire tunisien, spécialiste des mouvements islamistes. Selon lui, "ils feront un repli tactique pour reprendre leur souffle, mais ni l'armée malienne ni les Français ne peuvent les anéantir". "L'occupation des grandes villes (du nord du Mali) par les islamistes est terminée, mais à court terme" seulement, estime pour sa part l'expert malien Moussa Tounkara. "Il faut s'attendre à des attentats pour marquer les esprits", dit-il."

Pour le moment, les troupes françaises continuent de frapper la ville de Diabali où les djiadistes avaient fait une percée avant-hier.

Mali : L'aviation française bombarde, les islamistes opèrent un "repli stratégique" | À La Une | L'Orient-Le Jour

14 janvier 2013

French Jets Strike Deep Inside Islamist-Held Mali

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Dans ce texte du New York Times la genèse de l'intervention française au Mali est présentée à partir de la formation de troupes d'élites de l'armée malienne par les Américains. Troupes d'élites qui se sont ralliées en bonne partie aux islamistes d'Ansar Dine et qui ont provoqué l'affaiblissement du pouvoir malien et, par voie de conséquence, sa chute. Le chef des putchistes, le capitaine Sanogo, est d'ailleurs lui aussi un bénéficiaire de la formation américaine.

"Over the last four years, the United States has spent between $520 million and $600 million in a sweeping effort to combat Islamist militancy in the region without fighting the kind of wars it has waged in the Middle East. The program stretched from Morocco to Nigeria, and American officials heralded the Malian military as an exemplary partner. American Special Forces trained its troops in marksmanship, border patrol, ambush drills and other counterterrorism skills.
But all that deliberate planning collapsed swiftly when heavily armed, battle-hardened Islamist fighters returned from combat in Libya. They teamed up with jihadists like Ansar Dine, routed poorly equipped Malian forces and demoralized them so thoroughly that it set off a mutiny against the government in the capital, Bamako. [...]  The virtual collapse of the Malian military, including units trained by United States Special Forces, followed by a coup led by an American-trained officer, Capt. Amadou Sanogo, astounded and embarrassed top American military commanders.
“I was sorely disappointed that a military with whom we had a training relationship participated in the military overthrow of an elected government,” Gen. Carter F. Ham, the head of the Africa Command, said in a speech at Brown University last month . “There is no way to characterize that other than wholly unacceptable.”

L'Amérique favorable a une intervention n'avait plus les moyens de le faire, occupée qu'elle est sur plusieurs fronts. C'est donc la France qui s'est engagée. Il faut dire que ce pays compte plusieurs ressortissants au Mali. L'issue risque toutefois d'être, selon les auteurs de l'article, une guerilla avec les islamistes :

"With thousands of French citizens in Mali, its former colony, France decided it could not wait any longer, striking the militants at the front line and deep within their haven.
Some experts said that the foreign troops might easily retake the large towns in northern Mali, but that Islamist fighters have forced children to fight for them, a deterrent for any invading force, and would likely use bloody insurgency tactics.
“They have been preparing these towns to be a death trap,” said Rudy Atallah, the former director of African counterterrorism policy for the Pentagon. “If an intervention force goes in there, the militants will turn it into an insurgency war.”"

French Jets Strike Deep Inside Islamist-Held Mali - NYTimes.com

Moto frigorifiée à Bamako

 


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13 janvier 2013

France Rafale jets target Gao in eastern Mali

Mirage - Photo www.3.bp.blogspot.com
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L'aviation française poursuit ses opérations au Mali, où elle fait face à une opposition sérieuse des troupes islamistes. Ces dernières sont bien équipées et bien entraînées. D'après le texte de la BBC (lien en bas de page), il y a eu au moins un mort - un pilote d'hélicoptère - côté français et dix côté islamiste. Plusieurs otages français sont aux mains des islamistes et des menaces pèsent sur la France suites à son intervention éclair au Mali.

"France's decision to intervene took many by surprise. A UN-backed international force had not been expected to deploy in the west African state until the autumn.

But last week, the Islamist fighters pushed further south, seizing the strategically important town of Konna. The town has since been recaptured by Malian troops.

An unnamed Elysee Palace official quoted by AFP said on Sunday that French armed forces had been surprised by the fighting quality of the Islamist militants they were up against."


BBC News - France Rafale jets target Gao in eastern Mali:

12 janvier 2013

Mali - Une centaine d'islamistes auraient été tués à Konna

PhiGéo

L'implication française au Mali n'a pas tardée, semble-t-il, a avoir de l'effet. Il y a eu une centaine de morts parmi les combattants islamistes hier lors d'une opération conjointe de l'armée malienne et de l'aviation française selon le lieutenant Fané. Il y a eu un mort du côté français (selon Radio-Canada).

"D'après la source sécuritaire régionale jointe à Konna, les islamistes ont été tués "lors des raids français et des attaques de l'armée malienne", vendredi, et la ville était samedi "sous le contrôle des armées malienne et française". Samedi, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a indiqué que les Français avaient effectué un raid d'hélicoptères la veille "contre une colonne" d'islamistes qui tentaient de progresser en direction du sud du Mali."

4 janvier 2013

The Quality of Command

Robert H. Scales - Nimitz Berkeley
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Dans ce compte rendu du livre de Thomas Rick intitulé The Quality of Command, Robert Scales critique l'approche selon laquelle il ne faudrait pas hésiter à congédier les généraux que l'on juge médiocres afin d'améliorer la qualité du corps des officiers supérieurs. Scales propose plutôt une approche fondée sur l'amélioration de la formation des jeunes officiers, notamment au plan académique.

Voici un extrait du raisonnement de Robert Scales :

"One constant from Marshall to Petraeus is that the winnowing process for the selection of general officers begins around the grade of major, when a few are singled out for early promotion and advanced military schooling. In DePuy’s era, as in Marshall’s, one such midcareer pruning was enough, because during the Cold War, the army knew that it needed to concentrate on promoting officers with a special talent for maneuvering large units on a conventional battlefield. Today, however, good generalship requires a broader range of strategic gifts, including ones that do not necessarily reveal themselves at lower levels. The generals of the future will have to be capable of going beyond fighting from a battle plan to seeing the battlefield before any plans have been formulated, thinking in time and imagining cultural, political, and geostrategic circumstances that have yet to materialize. They will need not just tactical and operational skills but also intuition, imagination, agility, and a deep understanding of “the politics of war,” in every meaning of that phrase."
The Quality of Command: Thomas Ricks' new book identifies an urgent challenge facing the U.S. armed forces: how to produce good generals. But Ricks' solution -- regularly firing underperforming officers -- is based on flawed historical analysis and would do more harm than good.

2 janvier 2013

Schwarzkopfs : un bilan mitigé

Norman Schwarzkopf - Daily News
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La mort récente du général américain Norman Schwarzkopf est l'occasion de réfléchir un moment sur le bilan de son travail de général et de la guerre éclair qu'il a menée en Iraq il y a maintenant plus de vingt ans.

L'article du New York Times publié au moment de sa mort propose une approche nuancée. Le général a certes procuré une victoire rapide et sans discussion à l'Amérique. Pourtant, l'ennemi n'était pas très difficile à vaincre et, en plus, il a continué à nuire pendant plusieurs années. Ce dernier fait n'étant cependant pas la faute du général, puisqu'il la décision de cesser la guerre avant d'avoir détrôner Saddam Hussein relevait plutôt des autorités politiques que militaires.

Sur le plan individuel, le général Schwarzkopf aura connu sa part de difficultés. Il a été mis en cause dans la mort d'un sergent qui était sous ses ordres, il a aussi vécu le traumatisme du Viet-Nam et les années difficiles qui ont suivi pour les forces armées américaines. Mais, il a montré une certaine résilience en tenant le coup et en se distinguant au cours des années '80 au point de devenir commandant en chef des troupes de la coalition en 1991.

Il aurait pu tenté sa chance en politique mais ne l'a pas fait. Sans doute n'aurait-il pas pu se rendre jusqu'à la présidence des États-Unis, mais un poste de sénateur était probablement à sa portée. Il n'était pas "politicien" dans l'âme, trop sentimentale peut-être comme le révèle son amour de l'opéra et du ballet ! Il était capable de bien juger la part d'éthique de conviction et de responsabilité nécessaire aux décisions de l'homme politique mais sans doute n'était-il pas prêt à faire tous les compromis que la carrière politique implique aux États-Unis.

Un bon général somme toute qui a bien servi son pays.

http://www.nytimes.com/2012/12/28/us/gen-h-norman-schwarzkopf-us-commander-in-gulf-war-dies-at-78.html?pagewanted=all&_r=0

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