20 février 2012

A victory, but at what price?

Bio Image - LIEUTENANT-GENERAL BOUCHARD J.J.C. , CMM, CD
Lieutenant-général Bouchard
PhiGéo

David Publiese signe un excellent article dans le Ottawa Citizen sur le coût politique de la victoire canadienne en Libye célébrer par ailleurs en grande pompe en novembre dernier à Ottawa. C'est à cette occasion que le lieutenant-général Bouchard a reçu la Croix du service méritoire (division militaire) pour ses services exceptionnels comme commandant de la Force opérationnelle interarmées multinationale qui a soutenue la rébellion en Libye.

La démolition du régime de Mouamar Kadhafi (sur qui personne ne pleure en tant que dictateur vaincu) a eu, en effet, d'après Publiese, des conséquences importantes dont il faut tenir compte dans l'évaluation de la participation canadienne à la guerre de libération libyenne.

Ces conséquences sont:

1) D'abord la dissémination d'armes aux groupes terroristes comme Al-Quaïda au Maghreb islamique. Ce groupe salafiste terrorise le Nord de l'Afrique depuis plusieurs années. Il a plusieurs enlèvements à son actif. AQMI a reçu la sanction d'Ousama Ben Laden il y a quelques années et bien que le mouvement origine de l'Algérie il opère au Sénégal, au Mali, au Niger et en Mauritanie. (Plus d'une centaine de soldats maliens ont, par exemple, été massacrés dans le Nord du Mali avec des armes d'origines libyenne il y a environ deux semaines).

2) Ensuite le retour de nombreux travailleurs étrangers dans leurs pays d'origines, ce qui a pour conséquence de gonfler les rangs des chômeurs dans de nombreux pays d'Afrique, dont le Mali par exemple.

3) Finalement, l'instauration du règne de la terreur en Libye où les nouveaux maîtres ne respectent aucunement les principes démocratiques, en général, et les droits de l'Homme, en particulier, et se livrent à toutes sortes d'abus, y compris la torture. Voici comment l'auteur présente les choses à ce sujet :

"Equally troubling for countries that supported the rebels was the ongoing widespread detention of individuals and the use of torture in the new Libya. 
An estimated 8,500 men, women and children are still being held in detention centres run by various militias. Navi Pillay, the United Nations high commissioner for human rights, reported that the detainees were being tortured and that both male and female prisoners were being raped.
In January, Médecins sans Frontières pulled its medical staff from detention facilities in Misrata after they determined more than 100 people had been tortured. The group's doctors were being asked to keep prisoners alive so they could be tortured again.
Around the same time, Amnesty International reported that up to a dozen people had been tortured to death by Libya's new National Military Security agency.
In early February came the news that Libya's former ambassador to France, Omar Brebesh, had been killed shortly after being arrested by a militia group. According to the autopsy, he died after suffering "multiple bodily injuries and fractured ribs."
Such cases prompted Canada's Foreign Affairs Department to deliver a diplomatic note rebuking Libya for allowing such activities to take place.
But Libyan officials dismissed allegations of torture as unfounded. The head of Misrata's military council, Ibrahim Beitelmal, instead claimed that human rights organizations such as Amnesty International and Médecins sans Frontières were part of "Gadhafi's fifth column.""

L'un des facteurs qui expliquent les dérapages en Libye seraient la perte de contrôle par le Conseil national de transition (CNT) qui assurait la jonction entre les pays occidentaux et les rebelles pendant la guerre contre le régime de Kadhafi. Le CNT n'aurait maintenant plus beaucoup d'influence. Ce serait plutôt les milices (souvent islamistes) qui détiendrait le pouvoir réel sur le terrain, et en abuserait.

Le bilan de la victoire canadienne en Libye est donc, pour le moins, nuancé.

Syria, Al Qaeda, and cognitive dissonance for fans of intervention

PhiGéo

Le chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, vient, d'après le Christian Science Monitor, de lancer un appel aux musulmans afin qu'ils fassent tombés le régime de Bachar al-Assad en Syrie.

Si vous êtes un fervent opposant d'al-Assad vous avez donc comme allié le chef d'al-Qaïda. Les salafistes comme al-Zawahiri s'en prennent, en effet, depuis toujours aux régimes "laïcs" comme ceux des dictateurs comme l'était Moubarak en Égypte ou al-Assad en Syrie. C'est donc un paradoxe de voir de que le "printemps arabe" décrit par plusieurs comme une défaite des intégrismes musulmans est en train de se transformer (par exemple en Libye) en terrain de jeux pour les membres d'al-Qaïda et leurs "affiliés" comme les appellent les services de renseignements américains.

En ce qui concerne la rébellion en Syrie, il semble que certaines attaquent contre le régime soient bel et bien menées par des salafistes:

"US officials have started claiming that there is evidence of "Al Qaeda" behind some of the attacks on government forces in Syria, though what precisely they mean by "Al Qaeda" they don't say (the term seems to have become a catch-all for "Sunni jihadi"). Meanwhile, some analysts say Iran is watching all this with alarm, since Syria is something of a client regime and the loss of Assad could leave it more vulnerable to the machinations of enemies like the US and Israel."


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