20 janvier 2012

Faut-il s'attendre à une explosion au Sénégal ?

PhiGéo

Sabine Cessou publie dans le magazine Slate Afrique un article recueillant les avis de plusieurs observateurs sur la situation actuelle au Sénégal.

Si quelque-uns craignent un débordement, la plupart croient plutôt que la violence sera somme toute contenue et que le pays ne risque pas de sombrer dans la guerre civile. Il risque d'y avoir des affrontements musclés, certes, mais pas de dérapages à grandes échelles.

Manifestation à Dakar - Photo Le blog de Makaila overblog

Il y a eu des coups de feu en décembre et un mort récemment :

"Barthélémy Dias, jeune maire socialiste de Sicap-Mermoz, est accuse d’avoir tué d’une balle dans le dos Ndiaga Diouf, un jeune lutteur de 30 ans, sans doute recruté comme “nervi” pour aller intimider des opposants. L’oncle de ce jeune résident de Thiaroye, une banlieue pauvre de Dakar, a raconté que Ndiaga Diouf exerçait le métier de plombier pour arrondir ses fins de mois. Et qu’il avait été recruté pour assurer la garde de la permanence du PDS, contre la somme de 100.000 francs CFA (150 euros) par mois."

De plus, cinq soldats ont été pris en otage en Casamance récemment. Mais ces évènements ne sont pas nécessairement liés. L'historien Ibrahima Thioub, professeur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, déclare à ce sujet :

«En fait, il n’y a rien de nouveau sous le soleil, affirme ce chercheur. La violence fait partie de l’héritage politique du Sénégal. Elle a marqué les élections de 1956 en Casamance, tout comme les municipales de 1960, qui ont vu des fusillades éclater dans les villes de Saint-Louis et Mbour. De nouveau, des violences ont éclaté lors des élections générales de 1963, qui se sont soldées par 40 morts et 250 blessés. Des violences ont également éclaté lors de la présidentielle de 1988. La violence politique au Sénégal n’atteint jamais des niveaux extrêmes, mais les partis s’affrontent durement, physiquement, en période électorale, sans que cela ne vire à la guerre civile.»

Afghan Soldiers Step Up Killings of Allied Forces

PhiGéo



La mort de quatre soldats français tués par un membre de l'armée nationale afghane et le "coulage" d'un rapport américain sur la difficile cohabitation de cette même armée avec celle de la coalition en Afghanistan, jette une douche froide sur les espoirs d'une reprise en main conforme aux voeux des Occidentaux en 2014.

D'après le rapport dont le New York Times fait état, il y aurait beaucoup d'animosité entre les membres de l'armée nationale afghane et celle de la coalition, notamment avec les soldats américains. Ces derniers seraient arrogants et brutaux, alors que les afghans seraient souvent drogués ou carrément agressif. La mort des soldats français n'étant que le dernier épisode d'une longue liste d'incidents violents survenus ces dernières années.

Photo - site Songes de Lames


Voici un extrait du texte de Alissa J. Rubin, Rod Nordland, Sangar Rahimi et Graham Bowley :

"A decade into the war in Afghanistan, the report makes clear that these killings have become the most visible symptom of a far deeper ailment plaguing the war effort: the contempt each side holds for the other, never mind the Taliban. The ill will and mistrust run deep among civilians and militaries on both sides, raising questions about what future role the United States and its allies can expect to play in Afghanistan. [...] “Lethal altercations are clearly not rare or isolated; they reflect a rapidly growing systemic homicide threat (a magnitude of which may be unprecedented between ‘allies’ in modern military history),” it said. Official NATO pronouncements to the contrary “seem disingenuous, if not profoundly intellectually dishonest,” said the report, and it played down the role of Taliban infiltrators in the killings."

Par contre, le discours officiel - cité dans le même article - est plus rassurant :

"The coalition refused to comment on the classified report. But “incidents in the recent past where Afghan soldiers have wounded or killed I.S.A.F. members are isolated cases and are not occurring on a routine basis,” said Lt. Col. Jimmie E. Cummings Jr. of the Army, a spokesman for the American-led International Security Assistance Force. “We train and are partnered with Afghan personnel every day and we are not seeing any issues or concerns with our relationships.

Il est sans doute compréhensible que des incidents surviennent lors d'une opération aussi importante que celle dont il est question en Afghanistan. Mais, dire qu'il n'y a aucune raison particulière de s'inquiéter en ce moment est étrange. Un peu plus et on croirait que tout va pour le mieux dans la meilleure Afghanistan possible ! Non, ce n'est tout simplement pas vraie. Par contre, si l'on compare la situation actuelle de l'Afghanistan avec ce qu'elle était en 2001, on peut sans doute affirmer qu'il y a de l'amélioration.

Archives du blogue